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Méli-mélo >  Portraits de jardiniers >  L’Amour des bambous

Article publié le 16 novembre 2015 et visité 204 fois.

Texte de QI Zhouhua extrait de : "Les Paradis naturels - Jardins chinois en prose" - édition Picquier poche - juin 2016.

"Je suis né avec l’amour des bambous. Je choisis toujours mon logis dans une maison où il y a des bambous. Et s’il n’y en a pas, je cherche à m’en procurer de jeunes plants. C’est pour mon propre plaisir mais aussi pour celui des autres. Au printemps de l’an shenzi de l’ère Qianlong (1744), je résidais dans le jardin occidental du Bureau du Sel à Xingsha. J’achetai des bambous pour les replanter devant un kiosque où il y avait un peu de place entre les fleurs d’arbres de Judée, d’amélanchiers, de bananiers, les chrysanthèmes et d’autres encore. Dès que le propriétaire, Monsieur Xie Meizhuang, apprit que j’avais la passion des bambous, il n’hésita pas à faire venir de Guilin, à dix mille lis de là, des bambous très réputés dits "cannes à pêche" pour les faire planter devant le kiosque. Je chargeai un jeune serviteur de les arroser matin et soir et deux pousses se mirent soudain à grandir au point de dépasser tous les autres bambous. Je ne me lassais pas de les observer.
En automne, à la septième lune, lorsque le propriétaire allait regagner sa résidence, un de mes amis voulut arracher les bambous pour les emporter, mais je m’empressai de l’en dissuader : "Ne les arrachons pas, laissons-les en place. Je les ai eus sous les yeux pour mon plus grand plaisir, car je ne peux passer un jour sans bambous. Maintenant laissons-les pour qu’ils fassent plaisir à d’autres à l’avenir, car le plaisir des autres est aussi un plaisir pour moi ; que ce soit eux ou moi, cela revient au même. Il en a toujours été ainsi, si nous ne transmettons pas ce que nous avons acquis à ceux qui nous suivent, pourquoi ceux qui nous ont précédé nous auraient-ils transmis quoi que ce soit ?"
Mon ami, radouci, approuva de la tête. Je traçai une inscription sur le mur à l’intention de ceux qui habiteraient là par la suite : "Par égard pour les autres, ne les coupez pas, ne les arrachez pas ! Ces personnages sont nobles et purs, accordez-leur longue vie entre ciel et terre."

QI Zhouhua (1698-1766) fut inquiété par l’inquisition menée contre les lettrés (déjà !). Il dût errer pendant une vingtaine d’années et décrivit les sites qu’il visita dans un Livre des monts célèbres.

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