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Méli-mélo >  Les Plantes et les jardins en littérature >  Promenade dans le passé

Article publié le 7 décembre 2007 et visité 2942 fois.
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1_ Ce jardin type qu’on recopie aujourd’hui, venu du fin fond du Moyen-Age, quatre carrés délimités par des allées en croix avec un point d’eau au centre, a stimulé l’imaginaire d’un de nos plus grands écrivains.

Et ces deux personnages : ils ne vous sont sans doute pas inconnus...

...Le jardin, un peu gâté par les constructions assez laides dont nous avons parlé, se composait de quatre allées en croix rayonnant autour d’un puisard ; une autre allée faisait tout le tour du jardin et cheminait le long du mur blanc dont il était enclos. Ces allées laissaient entre elles quatre carrés bordés de buis. Dans trois, madame Magloire cultivait des légumes ; dans le quatrième, l’évêque avait mis des fleurs. Il y avait çà et là quelques arbres fruitiers.

Une fois madame Magloire lui avait dit avec une sorte de malice douce :
_"Monseigneur, vous qui tirez parti de tout, voilà pourtant un carré inutile. Il vaudrait mieux avoir là des salades que des bouquets."

_"Madame Magloire, répondit l’évêque, vous vous trompez. Le beau est aussi utile que l’utile."

_Il ajouta après un silence :" Plus peut-être."

Ce carré, composé de trois ou quatre plates-bandes, occupait M. l’évêque presque autant que ses livres. Il y passait volontiers une heure ou deux, coupant, sarclant, et piquant çà et là des trous en terre où il mettait des graines. Il n’était pas aussi hostile aux insectes qu’un jardinier l’eût voulu. Du reste, aucune prétention à la botanique ; (...) Il ne prenait parti ni pour les utricules contre les cotylédons, ni pour Jussieu contre Linné. Il n’étudiait pas les plantes ; il aimait les fleurs. Il respectait beaucoup les savants, il respectait encore plus les ignorants, et, sans jamais manquer à ces deux respects, il arrosait ses plates-bandes chaque soir d’été avec un arrosoir de fer-blanc peint en vert...

2_ Bravo Dominique... ! Tu as reconnu ces deux personnages : Mme Magloire, fidèle mais grincheuse servante, et Monseigneur Myriel, évêque de Digne, celui-là même qui va changer le destin de Jean Valjean, héros des Misérables de Victor Hugo ( Livre I, Un juste, Ch.VI ).

Lorsque ce saint évêque découvre dans le jardin le panier abandonné après le vol de son argenterie, ainsi que les traces de fuite sur le mur, il ne s’en émeut pas plus que cela, mais regrette les dommages faits à ses plate-bandes :

" L’évêque venait de se baisser et considérait en soupirant un plant de cochléaria des Guillons que le panier avait brisé en tombant à travers la plate-bande. Il se redressa au cri de madame Magloire.

"Monseigneur, l’homme est parti ! l’argenterie est volée !"

Tout en poussant cette exclamation, ses yeux tombaient sur un angle du jardin où l’on voyait des traces d’escalade. Le chevron du mur avait été arraché.

"Tenez ! c’est par là qu’il s’en est allé. Il a sauté dans la ruelle Cochefilet ! Ah ! l’abomination ! Il nous a volé notre argenterie !"

L’évêque resta un moment silencieux, puis leva son oeil sérieux, et dit à madame Magloire avec douceur :

" Et d’abord, cette argenterie était-elle à nous ? "

Madame Magloire resta interdite."

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